Cinq-mats carré PREUSSEN (toutes les voiles en tissus) Réf 80894

Bonjour à tous
la saga continue et je suis en train de terminer le 4ème mât. Il y a d'ailleurs beaucoup de débats sur le nom de ce mât comme le Preussen était le seul 5 mâts carré jamais construit. En honneur à l'armateur, le nom le plus souvent retenu est celui de "Laeisz-Mast". Ce mât a pour particularité de devoir rassembler les brasses des deux côtés, de l'avant comme de l'arrière (comme d'habitude sur les voiliers carrés), ce qui complique un peu plus la construction.
Tout d'abord le schéma des brasses sur un cap-hornier :

Comme vous pouvez le constater sur le schéma (et également sur la photo), le schéma des brasses fait apparaître deux particularités : 
1) les brasses du hunier volant passent en partie par le bas, en partie par le milieu du mât. Sans en être certain, je suppose que cet aménagement a été choisi car il permet de monter et descendre la vergue du hunier volant sans devoir allonger la corde
2) les brasses des deux vergues du bas passent d'abord par le côté du navire, et évoluent ensuite en zig-zag d'abord ver le haut, ensuite vers le milieu du pont. Cela permet de ne pas les faire traverser le pont où elles auraient plus facilement touché les voiles que par le chemin choisi (le mode d'emploi du Preussen est d'ailleurs faux sur ces deux points).
Au final, les brasses des trois vergues du bas (donc celles les plus dures à manoevrer, surtout par temps de tempête (en plus c'étaient les dernières voiles encore dehors), se regroupent ensuite au milieu du pont ("Jervis-Brasswinde"). A l'aide de cet outil, on pouvait ajuster ces vergues avec relativement peu de main d'oeuvre (ce système vient d'ailleurs d'être restauré sur le Peking, 4 mâts barque qui est revenue à Hambourg en septembre dernier).
Dernier sujet sur les brasses : sur le Preussen (de 1902), comme sur le Petschili (4 mâts barque, également de 1902), les treuils (j'espère que ce mot est correct) sont devant les mâts. Par la suite (sur le Pamir, Passat, Peking etc), le choix a été fait de les placer derrière les mâts, je suppose également pour éviter les contacts avec les voiles.

Et maintenant les brasses du dernier mât :
Comme on peut voir, ces brasses suivent des trajectoires très différentes de celles des autres mâts. Leur installation nécessite notamment de les fixer sur le 4ème mât, ce qui gêne ensuite fortement l'aménagement du dernier mât. J'ai donc adopté la tactique suivante :
1) J'ai provisoirement installé les 5ème mât, juste pour fixer précisément les brasses. 2) Une fois celles-ci terminées (i.e. bien ancrées sur le 4ème mât, mais pas sur le dernier) j'ai retiré le 5ème mât et monté les voiles etc. sur le 4ème.
La dernière photo montre l'état d'avancement actuel du bateau : 4ème mât pratiquement terminé, et brasses du 5ème repliées sur celui-ci. Je peux donc maintenant m'occuper du dernier mât et n'ai plus qu'à ramener les brasses en arrières pour tout installer.
Suite au prochain épisode.

Bravo encore pour ce travail sur le gréement, c'est très bien fait et on apprend plein de choses!
La complexité du gréement de ces grands voiliers est impressionnante!

Merci à tous pour vos encouragements.
Moi aussi, j'apprends beaucoup lors de la construction de ce bateau. Chaque corde a son utilité et chaque passage est choisi pour des raisons purement pratiques afin de faire naviguer ces bateaux avec le moins d'équipage possible. L'absence d'une rentabilité suffisante était d'ailleurs LA raison pour laquelle le Preussen est resté le seul 5 mât carré jamais construit. D'une part, le bateau était trop grand pour trouver des chargements suffisants pour le voyage "aller" (Europe - Chili) qu'il a donc effectué sous ballast la plupart du temps (seuls 2 voyages sur 14 avec marchandises), d'autre part les 5 mâts carrés nécessitaient un équipage de 47 hommes (vs 33 pour une 4 mât barque). L'avantage du Preussen en terme de vitesse et régularité des voyages n'était ainsi pas suffisant pour compenser ces deux "surcoûts" et après sa perte, F. Laeisz l'a fait remplacer par 2 4-mâts barques (le Passat et le Peking, toutes deux encore "en vie", navires musée respectivement à Travemünde et Hambourg).

Les félicitations pour le montage "nickel" de tout le gréement.
Nous n'avons jamais eu à manoeuvrer sur ces voiliers de légende.Comme c'est simple un sloop,un marconi à coté de ces montagnes de "ficelles" en tous genres.
BRAVO à toi.

Wahouuuu, c'est énorme, il est fabuleux. je me régale en regardant ta réalisation.

Mille bravos.

Bonjour à tous
aujourd'hui je vous propose un zoom sur l'installation des voiles, d'abord les voiles carrées dont le Preussen portait 30.
Chaque voile était dépliée et repliée à l'aide de 8 cordes (10 pour les grandes voiles du bas) en chanvre, 4 de chaque côté. Parmi ces cordes, 3 passent par le devant des voiles et servent à la replier en cas de vent trop fort (le Preussen pouvait naviguer avec toutes ses voiles jusqu'à un vent de force 5). Ces cordes passent d'abord vers le haut par des poulies, sont ensuite groupées le long du mât et fixées en "série" sur les côtés du pont. La 4ème corde est fixée dans le coin inférieur de la voile (je suppose qu'elle sert à remettre la voile en place en cas de diminution de la force du vent). Concernant sa fixation sur le pont, j'ai trouvé plusieurs idées (les plans originaux du Preussen semblent ne plus exister, je pense qu'ils ont été détruits pendant la 2ème guerre mondiale) : (1) dans le livre sur les cap horniers français : ces cordes sont fixées en bas du mât - ce qui suit une certaine logique mais sur la maquette il n'y a pas assez d'emplacements à cet endroit pour accueillir 5 cordes supplémentaires (2) plan du Pamir qui regroupe à chaque fois les 4 cordes une à côté de l'autre ou (3) regroupement d'abord des 5 cordes du bas des voiles, ensuite des 5x3 cordes du haut. Pour ma part, j'ai choisi l'option (2) - les cordes sont ainsi par groupe de 4 (pour chacune des voiles), soit au total 24 de chaque côté et pour chaque mât.
Voilà ce que cela donne :

Ensuite les voiles latines au dessus du beaupré puis entre les mâts. 
Le Preussen en portait 18 ou 19 (19 est le nombre max possible qu'on voit d'ailleurs sur certains plans, mais je n'ai pas vu de photos avec plus de 18 dehors - entre le 4ème et le 5ème mât, on ne voit que 2 voiles latines. Ceci étant dit, je ne vois pas de raison pour se limiter à 2 à cet endroit et ai donc prévu d'en installer 19).
Le fonctionnement de ces voiles est assez simple : Il y a une corde en haut et une en bas, pour monter et descendre la voile. S'y ajoute deux fixations, une à bâbord et une tribord, mais dont une seule est tendue (celle de bâbord si le vent vient de tribord et vice versa). L'autre est "en attente" et se tend au moment où le navire change de cap ou le vent change de direction.
Voilà la photo des voiles au dessus du beaupré (les autres suivent le même principe) :

Impressionnant : Bravo.

Je me demande comment tu arrives à t'y retrouver car tu poses la voilure mais tu y rajoutes des cordages qui ne sont pas indiqués dans le kit.
Tu fais un sacré beau travail,bravo  

Merci à tous. 
D'abord une petite correction : Le nombre de voiles latines est de 16. 4 devant et 3x4 entre les mâts - désolé pour la confusion.
Ensuite par rapport à la question de Pelikan II. J'ai effectivement eu du mal lors du montage du premier mât, les nombreuses cordes avaient tendance à se mélanger...
Je ne crois pas que j'ai rajouté des cordes par rapport à la notice, en revanche l'emplacement proposé dans la notice est incompréhensible (à mon avis). J'ai donc essayé de comprendre la logique et me suis inspiré de différents plans, notamment la notice du Pamir qui est mieux faite que celle du Preussen, mais aussi des plans de grément du Petschili et du Potosi que j'ai trouvés sur internet puis (l'excellent) livre sur les cap horniers français proposé par Jacques.
D'abord, ces voiliers ont (environ) 125 cordes par mât de trois types différents : 
(1) le grément "dormant" qui tient le mât et ne bouge pas. J'ai utilisé pour cela des cordes relativement épaisses que j'ai noircies (en réalité, c'est de l'acier peint). Pour chaque mât, ça fait 38 cordes (2x15 haubans et galhaubans plus 4 cordes devant & derrière pour stabiliser les mâts et porter les voiles latines). 
(2) ensuite les cordes pour manoeuvrer les vergues : 35 par mât (3 pour baisser/monter hunier volant, perroquet volant et cacatois, 2x4 pour les fixations "diagonales" au dessus de la grande vergue & les trois vergues amovibles), 2x6 pour relier les vergues entre elles sur l'extérieur et 2x6 pour les brasses des vergues du mât devant). Ces cordes sont de taille intermédiaire et je les ai grisées (pour refléter le renforcement des cordes par de l'acier sur l'original)
(3) et enfin les 54 cordes (6x8 pour les voiles carrées et 2x3 pour les voiles latines), en chanvre (donc laissées en l'était) d'un fil plus fin.
Déjà cette organisation permet de séparer les types de cordes selon leur fonction. J'ai ensuite décidé de passer du temps pour regrouper (avec du scotch tout simple) les poulies (par groupe de 2x3 par vergue - 2x4 pour la vergue du bas) et les cordes quand elles ne sont fixées qu'à un seul endroit (cf photo du 5ème mât en cours de construction). Cela évite du méli-mélo et permet surtout de trouver les cordes dans le bon ordre au moment de les fixer. On passe certes un peu de temps là-dessus (mais sur ce genre de bateau mieux vaut ne pas être pressé de toute façon), mais je me suis rendu compte que ce temps est "bien investi" - la finalisation des fixations va plus vite et surtout, on évite des erreurs.
Quant aux cordes sur les voiles, j'ai préparé chaque voile à l'avance (voir photos précédentes) et lui ai doté 6 de ces 8 cordes (de toute façon, coudre sur la maquette aurait été "mission impossible"). Je monte les voiles du bas en haut, et fixe à chaque fois toutes les cordes. Comme cela, il y a max 8 cordes beiges en cours de montage en même temps.

bravo pour cette explication très claire, et bonne continuation pour ton montage !!
Jmichel

Y a du travail ...
Pourquoi ne avoir teinté tes cordages en alu pour mieux correspondre à la réalité ... ?
Au niveau diamêtre, ils ne sont un peu épais ...  ?

Bonne continuation,et ton explication sur la pose des cordages et voiles est "top".
*ps:il ni a qu'une corde sur un bateau (voilier ou moteur),c'est ce qui est au battant de la cloche.Tout le reste c'est "bout,cordage,et nom porté sur l'utilisation (drisse,écoute...).

Bonjour
Je n'avais pas encore regardé ta page (je n'ai pas encore exploré tout le site). J'y vais petit à petit.
Quel travail de précision. Tes haubans et ton gréement sont super. Très bonne documentation avant. 
En tout cas, je vais m'inspirer de tes travaux pour finir mon Pamir (notamment les marchepied qui sont chez moi un peu longs).
Bonne continuation
Thierry

Superbe étude sur ton gréement, bravo pour ce résultat!

Bonjour à tous,
les travaux sur mon "Preussen" avancent et je suis en train de terminer le 5ème (et dernier) mât. Aujourd'hui, je vous propose un zoom "drapeaux". Le Preussen en arborait généralement 2 :
Un drapeau "FL" rouge sur fond blanc sur le premier grand mât. C'était le drapeau de l'armateur : Ferdinand Laeisz - je suppose que les initiales ont inspiré la dénomination "Flying P-Liner". En effet (presque) tous les navires de cette compagnie portaient des noms qui commençaient par la lettre "P" ("Pamir", Passat", "Preussen", "Peking", "Priwall" etc), en hommage à l'épouse de l'armateur dont le surnom était "Pudel" (en français : caniche à cause de ses cheveux frisés  ). Le "flying" dénote le respect de la vitesse et de la régularité de ces voiliers presque tous employés sur le commerce de nitrate avec le Chili.
Le deuxième drapeaux à l'arrière du navire est le drapeau national allemand de l'époque d'avant la première guerre mondiale. Ce drapeau date de 1866 et représentait l'alliance de l'Allemagne du Nord (au moment de la guerre contre l'Autriche). Les couleurs "noir / blanc / rouge" sont une combinaison des couleurs de la Prusse (noir / blanc) et celles de la ligue hanséatique (rouge / blanc). Ce drapeau est devenu le drapeau officiel de l'Allemagne à partir de l'unification de 1871 et jusqu'en 1918 (attn : le mode d'emploi contient un drapeau "noir / rouge / jaune" - c'est une erreur car il s'agit du drapeau allemand d'après 1918 sachant que le "Preussen" fut perdu en 1910...). Les bons observateurs auront remarqué que la coque du "Preussen" porte exactement les mêmes couleurs dans le même ordre - ce n'est pas un hazard.
Suivront qq photos supplémentaires.

Deux photos (maquette / original) du pont principal arrière. 
Comme vous pouvez le voir, tout n'est pas encore terminé sur ma maquette (ils manquent encore les canots de sauvetage). J'ai également remonté la grande voile (c'est encore possible, mais plus pour longtemps), pour éviter qu'elle cache tous les détails en bas du mât).
 Ce mât est un peu plus compliqué que les autres car il reçoit les brasses de l'avant comme de l'arrière.

... et pour finir une vue de l'arrière du navire vers les emplacements des canots de sauvetage. Là aussi, tout n'est pas terminé (manquent encore les galhaubans et brassayages du 5ème mât). J'ai mis cette photos pour vous montrer une petite astuce concernant le montage de la dernière voile. Celle-ci est en fait encore amovible (juste poussé vers le bas par un fil). Cela est très pratique / pratiquement indispensable pour pouvoir accéder aux bancs des deux côtés du 5ème mât après avoir installé cette voile... il fallait d'abord monter celle-ci (cordages à fixer à l'arrière / en bas du 5èm mât), mais ensuite accéder aux bancs (bâbord & tribord) pour fixer toutes les voiles carrées). Si j'avais collé cette voile arrière complètement, impossible de fixer ensuite ces cordages, surtout à bâbord.
Suite au prochain épisode (le navire devrait alors être terminé).
cdt
Heiner

très joli travail, très minutieux
Jmichel

Beau travail et avec de la documentation c'est encore mieux.
Thierry

Merci pour la documentation et ce retour dans le passé. Vraiment du beau travail. Il y a longtemps que je me serais emmêlé les pinceaux avec tout le cordage

Tu pourrais te faire appeler "gabier",je vois que tu as bien assimilé.
C'est un ravissement de voir les résultats de tes recherches avant de poser n'importe quoi n'importe ou,bravo.
Bonne suite  

Bonjour à tous

toutes les choses ont une fin, y compris le montage de ma maquette du Preussen que je viens de terminer cette semaine. Pour continuer dans la "tradition", d'abord une image (maquette / vrai navire) du 4ème mât (avec les brasseyages croisés typiques pour les voiliers carrés). Je me suis permis de ne  pas reproduire le trou dans le cacatois  .